Voici les résultats de l’extrême droite en France depuis qu’existe l’élection présidentielle au suffrage universel.
Les chiffres proviennent pour l’essentiel de la documentation française et pour les données manquantes du site France politique (1974) et du ministère de l’Intérieur (2012).
Les Le Pen, père et fille, ne sont plus à présenter. L’avocat Jean-Louis Tixier-Vignancour était un proche de l’Algérie française, encore fraîche lors de l’élection de 1965, ce qui explique largement son bon score. Bertrand Renouvin était royaliste, Philippe de Villiers, traditionaliste catholique et Bruno Mégret sécessionniste du Front national.
En 1969 et en 1981, l’extrême droite n’a pas eu de candidat. Lors de ce dernier scrutin, la hausse à 500 du nombre de parrainage, doublé de la ruse de Jacques Chirac qui provoque le désistement de dernière minute de 200 soutiens (ce qui explique certainement les antagonismes irréconciliables des deux hommes), empêchent Jean-Marie Le Pen de se présenter.
A première vue depuis 1988, les suffrages d’extrême droite (entre 4,3 et 6,4 millions) et le pourcentage des inscrits (entre 10,5 et 15) connaissent des oscillations modérées et sans tendance générale.
Concentrons-nous sur les seuls candidats du Front national :
Concentrons-nous sur les seuls candidats du Front national :
Là par contre la tendance est constamment à la hausse, à l’exception de 2007. Le labourage des thèmes de l’extrême droite par le candidat Sarkozy n’a été qu’un siphonage conjoncturel de ses suffrages à la fois en valeur absolue (-1,7 millions) et plus encore en pourcentage des inscrits (- 5 points) à mettre en lien avec une participation beaucoup plus forte. Ça n’a donc bien été qu’un effet d’optique de baisse dans le succès continu des candidats du Front national.
Nul « effet Marine Le Pen » sensible, la progression reprend au même rythme en 2012. Quand il n'a pas de concurrence, leur candidat gagne de 1988 au deuxième tour de 2002, 1.150.000 voix, puis de 2002 à 2012, 900.000 voix : 82.000 voix par an dans la première periode, 90.000 dans la seconde. Cette apparente hausse ne tient pas compte de l'élargissement du corps électoral. En pourcentage des inscrits, de 1988 à 2002, on voit une progression de 0,14/an et dans la seconde, 0,05.
Nul « effet Marine Le Pen » sensible, la progression reprend au même rythme en 2012. Quand il n'a pas de concurrence, leur candidat gagne de 1988 au deuxième tour de 2002, 1.150.000 voix, puis de 2002 à 2012, 900.000 voix : 82.000 voix par an dans la première periode, 90.000 dans la seconde. Cette apparente hausse ne tient pas compte de l'élargissement du corps électoral. En pourcentage des inscrits, de 1988 à 2002, on voit une progression de 0,14/an et dans la seconde, 0,05.
La nouveauté est probablement que les discours ambigus réitérés par Nicolas Sarkozy brouillent la frontière entre les deux électorats. Mais n’était-ce pas finalement l’objectif de Patrick Buisson, son conseiller électoral en provenance de Minute ?
Dessin de Pancho paru dans le Canard enchaîné du 25 avril 2012 |
Ironie de l’Histoire, c’est en rendant possible l’élection du président de la République au suffrage universel que Charles De Gaulle a rendu possible le retour des héritiers de Philippe Pétain et Pierre Laval. Ce n’est pas pour rien que le plébiscite était le mode de légitimation du gouvernement privilégié par Napoléon III. La personnalisation du pouvoir a toujours été le péché mignon de la droite de la droite. Et s’il faut concéder du pouvoir au peuple, qu’il se résume alors à l’approbation du guide. Le Référendum imposé dans la constitution de la Ve République par De Gaulle en est la suite logique.
Étonnamment, c’est le Gaulliste Jacques Chirac qui découplera le Référendum du plébiscite. Contrairement aux enseignements du grand Charles, qui s’était retiré du pouvoir après avoir perdu le Référendum de 1969 (peut-être surtout l’occasion après 1968 de prendre acte de sa déconnection des aspirations populaires), l’échec à propos du Référendum de 2005 sur la Constitution européenne n’a pas poussé Chirac à la démission. Mieux, son successeur, idéologique et institutionnel, s’assiéra sur l’expression populaire en faisant approuver par les chambres le traité de Lisbonne, ersatz du précédent. Les Gaullistes ne sont plus ce qu’ils étaient, mais nous avons déjà eu l’occasion de le dire.
Les gesticulations d’entre deux tours, à aller tous azimuts, brouillent encore un peu plus les positionnements politiques. Nicolas Sarkozy est-il l’ultime fossoyeur du Gaullisme ?
Une de l'Humanité du 25 avril 2012 |
La personnalisation du pouvoir a toujours été le péché mignon de la droite de la droite. Et s’il faut concéder du pouvoir au peuple, qu’il se résume alors à l’approbation du guide.
RépondreSupprimerj'aime bien la formulation, claire et synthétique :)
Stats mises à part, venant de la génération qui se trimballait avec un pin's "touche pas à mon pote" au collège, ce que je peux noter c'est la hausse "ambiante" de l'extrême droite.
Aujourd'hui le quidam dit des choses en toutes innocence qui auraient fait dresser les cheveux sur la tête du quidam des années 80.
Je n'illustre pas mon propos, quiconque ne mène pas une vie d'ermite complet devrait malheureusement avoir des exemples sans problème...
Keep up the good work!