vendredi 22 juin 2012

Luxe écologique

Mauvais présage.

L'éphémère ministre de l'Ecologie, Nicole Bricq, a-t-elle été sacrifiée sur l'autel des intérêts économiques ?

C'est du moins l'avis du Monde, du Point, de Médiapart ou de Libération. C'est aussi celui de Jean-Vincent Placé, le sénateur EELV, interrogé sur Europe 1.

Il y a une semaine (le 14 juin) le refus de faire signer les autorisations préfectorales pour que la compagnie Shell puisse exploiter les gisements de pétrole à grande profondeur au large de la Guyane avait agréablement surpris.

La décision n'était pas définitive, elle ne devait être prise qu'après l'adoption d'un nouveau Code minier prenant enfin en compte une meilleure protection de l'environnement naturel. Pour qui se souvient des récents déboires de BP avec la plateforme Deep Water Horizon dans le golfe du Mexique, et a entendu parler de la tortue luth, l'idée ne paraissait pas saugrenue.

Mais le 20 juin,  selon Médiapart, trois jours après les législatives par pure coïncidence, le Premier ministre a repris les choses en main et fait signer - discrètement - l'autorisation. Le 21, à l'occasion du remaniement, Nicole Bricq est "promue" à un poste secondaire en comparaison (mais conserve sa place dans l'ordre protocolaire, à quoi tient l'orgueil des ministres...).

Pressions de Shell et de lobbies en tous genres (dont les élus locaux), mécontentement d'Arnaud Montebourg qui n'aime pas qu'on empiette sur son bac à sable (le grandiloquent Redressement productif), maladresse de la nouvelle ministre, tout se conjugue pour que rien ne vienne pertuber le fameux "business as usual".

Premier acte tangible de la présidence Hollande dégagé des contingences électorales.

En ces temps difficiles, ne prenons aucun risque pour l'emploi, aucune restriction pour les multinationales, quitte à hypothéquer l'avenir de la Guyane et, accessoirement, de ses voisins.

Message aux tortues luth : "Et bien dansez maintenant !"

lundi 11 juin 2012

Ah ! le quinquennat...

Bon, les gagnants de la présidentielle ont de quoi se réjouir, leur majorité est assurée.

C'était le but avoué des partis principaux qui ont appelé à voter, lors du référendum de septembre 2000, en faveur de la congruence des élections présidentielle et législative (seulement 30% de votants). Effectivement, c'est dans l'intérêt des partis principaux. Mais la démocratie ?

Les législatives ne sont-elles que condamnées à confirmer les élections présidentielles ?

Si c'était le cas, nous ne serions que condamnés à un scrutin archi-présidentiel, bien pire que le système étasunien où des élections dites de 'mid-term' permettent éventuellement au parlement de contrebalancer les élections présidentielles précédentes. Et ce scrutin mérite l'appellation de présidentiel. Que dire du nôtre ?

On s'acharne, dans les petites classes, à réaffirmer le credo gaulliste : scrutin semi-présidentiel. De qui se moque-t-on ?

Peu importe le Président, on vote pour une chambre d'enregistrement, les fameux députés-godillots que moquaient les partis de gauche à l'époque du Général...

La Gauche s'y complait, la Droite ne s'y dénie pas.

Mais nous ?

Est-on réductibles à un choix binaire ? Voulons-nous seulement confirmer un choix majoritaire ? Ou préférons-nous quelques nuances qui laissent, même aux partis principaux, une marge de manoeuvre plus adéquat aux sentiments du moment ?

Tort ou raison, peu me chaut.


Si les élections législatives ne servent à rien, les cris d’orfraie, pas plus : l’abstention aux législatives ne peut que progresser (42,77% cette fois-ci, record assuré la fois prochaine, si rien ne change) . Espérons que la réforme du scrutin, annoncée par François Hollande, redonne un minimum de légitimité à ces élections, qui méritent mieux que ce statut d’élection croupion. J'avoue que j'espère bien plus pour l'élection de ceux que nous déléguons pour voter la Loi.

À suivre.