Mauvais présage.
L'éphémère ministre de l'Ecologie, Nicole Bricq, a-t-elle été sacrifiée sur l'autel des intérêts économiques ?
C'est du moins l'avis du Monde, du Point, de Médiapart ou de Libération. C'est aussi celui de Jean-Vincent Placé, le sénateur EELV, interrogé sur Europe 1.
Il y a une semaine (le 14 juin) le refus de faire signer les autorisations préfectorales pour que la compagnie Shell puisse exploiter les gisements de pétrole à grande profondeur au large de la Guyane avait agréablement surpris.
La décision n'était pas définitive, elle ne devait être prise qu'après l'adoption d'un nouveau Code minier prenant enfin en compte une meilleure protection de l'environnement naturel. Pour qui se souvient des récents déboires de BP avec la plateforme Deep Water Horizon dans le golfe du Mexique, et a entendu parler de la tortue luth, l'idée ne paraissait pas saugrenue.
Mais le 20 juin, selon Médiapart, trois jours après les législatives par pure coïncidence, le Premier ministre a repris les choses en main et fait signer - discrètement - l'autorisation. Le 21, à l'occasion du remaniement, Nicole Bricq est "promue" à un poste secondaire en comparaison (mais conserve sa place dans l'ordre protocolaire, à quoi tient l'orgueil des ministres...).
Pressions de Shell et de lobbies en tous genres (dont les élus locaux), mécontentement d'Arnaud Montebourg qui n'aime pas qu'on empiette sur son bac à sable (le grandiloquent Redressement productif), maladresse de la nouvelle ministre, tout se conjugue pour que rien ne vienne pertuber le fameux "business as usual".
Premier acte tangible de la présidence Hollande dégagé des contingences électorales.
En ces temps difficiles, ne prenons aucun risque pour l'emploi, aucune restriction pour les multinationales, quitte à hypothéquer l'avenir de la Guyane et, accessoirement, de ses voisins.
Message aux tortues luth : "Et bien dansez maintenant !"
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